Des attaques déterminées



                      Parmi les attaques sauvages où le requin fait preuve d'une détermination fatale, le cas de Zita Steadman est impressionnant. Le 4 janvier 1942, Zita Steadman participe joyeusement à un pique-nique à Egg Rock, juste à la sortie du port de Sydney. Elle et ses samis sont venus là en bateau à moteur et ils décident, avant de repartir, de plonger pour se rafraîchir. Il est 15 heures, le moment le plus chaud de la journée. Tout le monde plonge, à l'exception de deux qui restent au bord de l'eau, et Zita s'éloigne un peu plus que les autres, restant quand même dans les eaux peu profondes. Son ami Burns la prévient de ne pas trop s'éloigner, et elle entreprend aussitôt de revenir, lorsqu'elle disparaît d'un seul coup sous l'eau alors qu'elle nage. ses amis aperçoivent aussitôt un requin énorme battant furieusement l'eau là où était Zita quelques secondes auparavant.


                Burns saisie un aviron sur le bateau et parvient tout près du requin dans 1,50 mètre d'eau. Il commence à frapper furieusement le squale qui continue d'assurer sa prise avec une telle férocité que son corps émerge de l'eau dans un bouillonnement d'écume. L'aviron que Burns lui lance à toute volée ne lui fait pas le moindre effet et il entraîne progressivment Zita dans les eaux profondes.


                Burns n'a aucune idée des blessures de Zita, mais il est éclaboussé de sang, et il se précipite, désespéré, dans un bateau à rames, espérant repousser le fauve avec la coque. Cette tentative n'a guère plus de succès. Il aperçoit enfin les longs cheveux bruns de la jeune femme près de la surface et parvient à la saisir. Il tire de toute ses forces mais, à se grande surprise, le corps de Zita remonte facilement à la surface. Il voit clairement le monstre maintenant, qui n'a pas lâché prise mais qui a littéralement coupé en deux la malheureuse, et conservé sa part.


                Onze moi plus tard, le 26 décembre 1942, à quelques centaines de mètres de l'endroit où Zita Steadman fut sauvagement tuée, Denise Burch, quinze ans, se baigne près de la rive par 1,50 mètre de fond. Elle est soudain happée au niveau des membres inférieurs par un animal qui ne lâche sa prise que lorsque celle-ci se sépare du reste du corps de sa victime. Amputée au niveau des deux jambes, Denise Burch meurt avant même d'être ramenée sur la rive.




Egg Rock




                La férocité d'une attaque peut se traduire également par une répétition de charges successives. Le chasseur sous-marin Terry Manuel fut victime d'une telle attaque en janvier 1974, en Australie, sous les yeux de son compagnon John Talbert qui l'attendait dans leur bateau. Le requin revint à la charge quatre fois de suite, jusqu'à ne plus lâcher prise à hauteur de l'abdomen de Manuel. John Talbert, horrifié, ne put que ramener le haut du corps de son ami, et le reste ne fut jamais retrouvé.


                On dit parfois que les requins sont "timides", mais quand ils ont décidé d'attaquer pour se nourrir, rien ne les arrête, même une proie dans la multitude. C'est ainsi que certaines manifestations nautiques ou aquatiques ont été le théâtre de drames inexorables sous les yeux d'une foule de témoins. Le 15 février 1930, une course nationale de dinghies se déroulait à Middle Brighton en Australie. Dès que la course se termina, à 18h30, Norman Clarke, dix-neuf ans, plongea en eau profonde à quelque quatre cents mètres de la plage, depuis une jetée où se tenaient encore de nombreux spectateurs. Il était seul dans l'eau. Alors qu'il se tenait seulement à trois mètres de la jetée, il leva soudain les bras en criant, et disparut. Il réapparut à la surface avec une jambe dans la gueule d'un requin. Il était assis en travers du museau du squale, lui martelant la tête de ses deux mains. Il disparut à nouveau et on ne le revit jamais. La scène s'était déroulée sous les yeux horrifiés d'une centaine de personnes sur la jetée. Tous s'accordèrent pour estimer la taille du requin à 5 mètres. Un témoin avait aperçu le squale avant qu'il attaque, mais ses cris n'avaient pas été entendus par Clarke et celui-ci, de toute façon, n'aurait sans doute pas eu le temps de regagner l'échelle de la jetée. L'activité fébrile autour de la course avait certainement attiré le squale qui attendait une occasion favorable, et Clarke ne pouvait que provoquer sa curiosité en plongeant bruyamment de plusieurs mètres de haut.



Port Phillip Beach (Australie)


                Le 4 mars 1956, une compétition de surf venait juste de se terminer à Port Phillip (Australie), et John Wishart se reposait à deux cents cinquante mètres de la plage avec cinq autres surfeurs. Le requin était près de la plage et croisa deux nageurs alors qu'il se dirigeait droit sur Wishart. Celui-ci fut soudain aspiré sous l'eau et les spectateurs atterrés le virent réapparaître frappant frénétiquement le squale. Wishart disparut à nouveau sous la surface, et son corps ne fut jamais retrouvé.


Ces deux attaques furent probablement le fait d'un grand requin blanc.







                Le 19 août 1967, Robert Bartle fait de la chasse sous-marine dans Julien Bay en Australie occidentale, à trois cents kilomètres de Perth. Bartle est le champion national de ce sport très prisé dans la région. Une région où les attaques sont rares en raison du courant froid qui remonte du courant antarctique de l'ouest. Le sort de Bartle va sérieusement ébranler l'illusion de sécurité entretenue par ce courant froid. Robert est à environ sept cents cinquante mètres au large lorsqu'un grand requin le saisit par quatre ou cinq mètres de profondeur. Son ami Warner est témoin de l'attaque, et décroche une flèche dans la tête du squale dans la zone qu'il estime être celle de cerveau. Il est trop tard, la malheureux Bartle est coupé en deux, et le requin s'intéresse maintenant à Warner qu'il encercle de plus en plus près. Celui-ci le repousse avec son fusil de 120 centimètres malheureusement déchargé. Le squale va disparaître avec la flèche fermement plantée dans le crâne, arrachant au passage la ligne de 115 kilos qui la retenait. On évoque le grand blanc pour expliquer la sauvagerie de l'attaque, d'autan plus qu'il est le seul à ne pas respecter la ceinture des températures, mais Warner parla d'une membrane blanche, ou de ce qui semblait être un membrane blanche qui bougeait dans le plan horizontal et aurait recouvert l'oeil de l'agresseur. Ce dernier point n'est pas en faveur du grand blanc qui ne possède pas de membrane nictitante, même s'il peut découvrir une partie de son globe oculaire blanc lorsqu'il retourne celle-ci au moment de l'attaque.

                     Tous les efforts entrepris pour capturer le tueur demeurèrent vains...


Xavier MANIGUET ("Les dents de la mort")







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