Les bateaux :
pas toujours à l'abri

         






            En octobre 1960,
                   un bateau de pêche est au travail dans False Bay près de la ville du cap, et l'équipage remonte les lignes où sont accrochés de nombreux poissons. Un requin de grande taille apparaît alors, qui commence à tourner autours du bateau. Le skipper interdit alors de continuer la pêche et descend dans la soute pour démarrer le moteur. L'un des hommes ne suit pas les consignes et continue de pêcher ; il ferre rapidemant un autre poisson qu'il remonte aussitôt vers le bateau. Alors qu'io s'apprête à le hisser par-dessus bord avec une gaffe, le requin fonce sur le poisson qui se débat encore mais le manque, venant de heurter avec une force incroyable la rambarde du bateau, avant de retomber en arrière et de disparaître.

                Bien que toutes les lignes soient rentrées et le bateau prêt à démarrer, le requin continue ses cercles menaçants. Soudain il charge à grande vitesse, venant encastrer ses mâchoires dans la coque, faisant un trou de 45 centimètres, heureusement au-dessus de la ligne de flottaison. Un grand morceau de dent (18mm) sera retrouvé plus tard dans la brèche, identifié par les experts comme appartenant à la mâchoire inférieure d'un requin blanc de grande taille (appalé blue pointer en RSA).





False Bay, South Africa






This pic appeared in a Cape Town newspaper in 1999, showing a Great White
breaching or chasing prey in False Bay, South Africa.











                False Bay au Sud du Cap est sans doute l'un des endroits au monde où l'on constate le plus d'attaques de bateaux : en plus de celle précédemment évoquée en 1960, deux eurent lieu en 1942 par un requin de 6,5 mètres. En 1948, un autre fut presque coulé. En 1958, un requin blanc mordit l'hélice d'un bateau qui chalutait à Plattenberg Bay. En 1960, un autre fut coulé à Saldanha Bay par un requin blanc, mais celui-ci resta sur sa faim puisque "ses" naufragés furent secourus jute à temps. En 1970, six bateaux furent attaqués par des grands blancs ou leur cousin mako.









                En 1974, en seulement un an, danie Schoeman vit son bateau attaqué trois fois dans False Bay. Il s'agissait de requins différents puisqu'à chaque fois Schoeman réussit à pêcher ou tuer son agresseur. En tout, il fut attaqué cinq fois, sans doute un record du monde, au point que l'on pourrait se demander si son bateau ne présentait pas des caractéristiques particulières telles que des équipements ou des champs électriques excitant la curiosité des squales.





                Toujours en RSA, en 1977,
                quatre pêcheurs sortent en mer sur un gros hors-bord équipé de deux moteurs. Ils se retrouvent soudainement à cinq lorsqu'un grand blanc atterit dans le bateau à l'issue d'une arabesque aussi impressionante qu'imprevue. Avant même que le requin puisse être tué, l'un des hommes est sérieusement blessé et doit être évacué par hélicoptère avec un écrasement du pelvis et la vessie éclatée. Le hors-bord est remorqué jusqu'au port où le squale est achevé après qu'il eut tout détruit à bord.









Quand les requins volent... à False Bay







                A Noël 1946,
                   Harry Lone amarre son bateau sur une jetée de galstone et va déjeuner entre deux parties de pêche. Lorsqu'il revient, il a la surprise de découvrir un requin de 180 kilos occupant bruyamment tout son cockpit. L'animal a manifestement sauté dans le bateau pour une raison inconnue, et Lone doit faire appel à un ami pour tuer l'encombrant passager à coups de harpon ; celui-ci aura le temps de morder, tordre, casser et écraser tout ce qu'il peut, rendant inutilisable le bateau du pauvre Lone qui aura néanmoins fait une belle pêche sans gros effort.





                En décembre 1935,
                   les frères Norton coisent à 150 mètres de la digue de Victoria (Australie) à bord d'un solide bateau de 5 mètres, lorqu'ils aperçoivent un grand requin de 4 mètres qui nage à côté d'eux à environ un mètre sous la surface. Ils pensent immédiatement au requin qui depuis plusieurs semaines dérange les pêcheurs sur la jetée et qui a dévoré un phoque la semaine précédente. A. Norton voit là une occasion unique de régler le problème et s'empresse de fixer le manche d'un poignard à l'extrémité de son aviron. Penché au-dessus de l'eau, il lance de toutes ses forces son harpon improvisé vers le dos du requin. L'eau se teinte immédiatement de sang du squale, mais celui-ci réagit aussitôt d'une façon que Norton n'avait pas prévue. Plutôt que de fuir, il se rapproche au contraire, passe sous le bateau, et remonte brutalement, faisant émerger presque totalement l'embarcation qui manque de chavirer. La manoeuvre lui permet incidemment de se débarrasser du harpon qui lui laboure les chairs. Nullement impressionné, Norton lui décoche un second coup qui atteint encore son but mais n'a pas plus de résultat que le premier. L'animal furieux prend cette fois son élan, et arrache un morceau de l'étrave de 50 centimètres par 25, l'eau s'engouffre aussitôt dans l'embarcation qui commence à couler. En quelques minutes les deux hommes se retrouvent dans l'eau, sans rien pour flotter, rien pour se défendre, et ils attendent, résignés, la punition fatale qui ne saurait tarder. Curieusement le monstre en revient pas, et les secours arrivent avant qu'ils aient été attaqués. Le requin ne réapparaîtra jamais, probablement blessé à mort par les coups de poignard ou par la violence de sa propre attaque, à moins que ses congénères, attirés par le sang s'échappant de ses blessures, ne l'aient achevé à leur façon.










                En avril 1946,
                   Nardelli pêche en compagnie de son fils dans le golfe Spencer, au sud de l'Australie, un endroit connu pour les attaques de bateaux. Nardelli aperçoit un énorme requin de 6 mètres qui saisit la ligne. Au lieu de fuir ou de sonder, comme cela se passe d'ordinaire, le squale semble identifier immédiatement l'origine de la ligne et fonce directement sur l'embarcation. Il arrache le gouvernail, l'expédie rageusement dans les airs d'un coup de queue, puis s'acharne dessus en le déchirant comme un chien fou.





                Dans le même golfe en 1971,
                   Leslie Harris pêche avec son fils Tony depuis une petite barque, lorsqu'un requin blanc jaillit soudain de la surface et s'abat lourdement sur le plat-bord du petit bateau qui commence à embarquer l'eau. Tony, de ses mains nues, tente de repousser le requin qui fait claquer ses mâchoires sinistrement, tout en essayant de se glisser à l'intérieur du bateau grâce à de furiex coups de queue. Tony parvient finalement à repousser le fauve qui s'abat sourdement dans l'eau, et glisse aussitôt sous la quille qu'il entreprend d'arracher. Tony rame vers la côte et la sécurité, mais il est malheureusement trop tard pour son père qui meurt d'une crise cardiaque avant même d'atteindre le rivage. C'est le seul cas connu, dans les annales, d'une mort d'homme directement imputable au comportement agressif d'un requin, sans qu'il ait eu quelque blessure ou contusion que ce soit...





                En 1954,
                   tous les concurrents d'une course de canoë sur l'embouchure de la rivière Hawkesburg (New South Wales) furent suivis de très près jusqu'à l'arrivée par des requins de toute taille.





                En 1936,
                   Slaughter s'entraînait sur la rivière de Brisbane à bord d'un scull pour les championnats nationaux d'aviron. Il perçut soudain un clapotement étrange derrière lui. Se retournant, il ne vit rien, mais peu de temps après l'embarcation butta brutalement sur quelque chose et faillit chavirer. Il se dirigea vers la berge, et aperçut alors le squale qui suivait de près, juste derrière le gouvernail. L'esquif coula avant d'arriver, mais Slaughter parvint à gagner le sol ferme sans être attaqué. Lorsqu'il récupéra le scull, il retrouva une douzaine de dents de requin plantées de chaque côté du bateau, et la quille était enfoncée sur plus d'un mètre.





                Le 1er février 1955,
                   dans la rivière de Parramattra à Sydney, un équipage de huit s'entraîne activement lorsqu'un requin jaillit de l'eau droit sur le centre du bateau. Le numéro 2 sent alors son aviron lui échapper des mains, et le requin, déséquilibré dans sa trajectoire, retombe à dix centimètres de l'esquif au lieu de retomber en plein milieu. La queue du squale claque contre le bord, et la vague remplit le bateau à demi. Les hommes en seront quitte pour un léger stress et un aviron cassé. Quelques jours plus tard, à cinq cents mètres de là, un scull est bousculé par un requin. barry Court, son unique occupant, a le temps d'évaluer sa longueur à 3,50 mètres, mais ne s'attarde pas et se hâte vers la rive non loin de là, le squale toujours à ses trousses. Pendant vingt minutes encore, le requin va tourner comme à regret devant sa proie disparue.





                En février 1929,
                   un requin à l'humeur plus enjouée décida de prendre en charge un canoë avec à son bord trois rameurs. Il poussa ainsi l'équipage depuis le jetée de Glenelme (Australie du Sud) jusqu'à cent mètres au large. Les hommes attendaient la suite avec angoisse lorsqu'un bateau à moteur coupa court à leurs états d'âme en embarquant tout le monde.





                1951, dans le Queensland en Australie.
                   On découvrit là, sur la rivière Fitzroy, un superbe yacht sans âme qui vive à bord. Ou plutôt on découvrit le cadavre du Dr Joske, un médecin d'Adélaïde, seul à bord du bateau. Il avait été éviscéré, et une jambe lui manquait. Son corps gisait dans une mare de sang sur le pont. Les experts manquaient à l'époque, mais on conclut néanmoins que ses terribles blessures ne pouvaient être l'oeuvre que d'un requin qui aurait sauté à bord et serait reparti...


Xavier MANIGUET ("Les dents de la mort")








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